19 Août Biotensegrité et approche tissulaire de l’ostéopathie, pourquoi s’y intéresser ?
Pour aborder, enseigner et intégrer l’approche tissulaire, structurelle ou non, de l’ostéopathie dans sa pratique, il est important de se pencher sur la tenségrité et la biotenségrité, dont les travaux, depuis la moitié du XXème siècle, remettent en question les modèles anciens. Nous verrons plus tard que l’exploration in-vivo nous amène encore plus loin.
La biotenségrité (lire l’excellent livre de Graham Scarr « Biotenségrité, la base structurelle de la vie », éditions Sully) nous apporte une base de réflexion et de travail plus en cohérence avec la biologie du vivant que l’artificielle biomécanique qui nous dit que les fonctions mécaniques du corps utilisent les principes de la gravité comme base de l’activité posturale au même titre qu’un immeuble, un pont, ou tout autre objet créé par l’homme.
« Le concept de biotenségrité reconnaît de manière inhérente que la stabilité et la facilité de mouvement ne sont pas dues à la force des composants individuels, mais à la façon dont le système est configuré pour répartir les forces mécaniques ». (G. Scarr,La base structurelle de la vie, Sully).
La tenségrité nous dit que la stabilité est assurée par l’équilibre d’éléments en compression – les tiges – et d’éléments en tension – les câbles -. Les os (tiges) ne tournent pas autour d’axes fixes, mais suivent des trajectoires hélicoïdales complexes qui changent constamment pendant le mouvement.
Ces tiges sont suspendues et semblent flotter au sein d’un réseau de câbles. Leurs interactions permettent la déformation et le retour à l’équilibre ; les éléments en compression ne se touchent pas et sont suspendus par la tension des câbles. C’est ce qu’a observé le Dr. Levin, chirurgien orthopédiste, lors de ses interventions chirurgicales. Il a constaté que les os ne sont pas en « compression » mutuelle au niveau des surfaces articulaires, mais semblent « flotter » au sein des tissus mous. C’est l’acte de naissance de la biotenségrité.
Nous sommes donc bien loin des concepts de la biomécanique, d’axes, de leviers, d’habitation et de déshabitation, mais proches d’un principe de conception structurelle qui décrit les relations entre toutes les parties d’un organisme et le système mécanique qui les intègre en une unité fonctionnelle totale. Notre compréhension de la biomécanique n’est donc plus limitée par des théories dépassées, car il existe aujourd’hui une alternative qui permet d’expliquer le mouvement de manière plus approfondie, même si du chemin reste à faire.
L’anatomie nous apparaît alors plutôt comme un réseau de structures pour certaines sous tension, pour d’autres en compression.

A la lumière des travaux sur la biotenségrité, notre vision et notre perception de ce qui se passe dans le corps changent et avec eux, nos pratiques.
Les objectifs de notre traitement seront alors de permettre au corps de retrouver un nouvel état d’équilibre dynamique qui sera différent de l’état initial.
Sans allez plus loin dans ces travaux qui viennent contrecarrer le contenu de nos livres d’anatomie pourtant incroyablement détaillés, nous commençons à percevoir le tissu plus à sa juste valeur et à sortir d’un carcan prédictif bien loin de la réalité du tissu vivant.
Dans le prochain post, nous irons découvrir les travaux du Dr. Jean-Claude Guimberteau. Ses vingt années de recherche ont chamboulé nos certitudes et donné un sens à notre pratique.
Bien confraternellement
– Hervé Baldassari